Ateliers autobiographiques thème "Maisons"

Publié par PetitesPlumes

Voici quelques extraits de textes écrits lors des ateliers autobiographiques, sur le thème « MAISONS » en 2018.

Le thème a été suivi pendant un semestre, dans le cadre de notre premier groupe « Ecrire à Poissy ». Chaque mois nous écrivions sur table avec différentes contraintes de forme et de temps.

 

« Dans cette maison d’enfance, tu as également connu des drames, quand l’ennemi durant la deuxième guerre mondiale ayant délibérément franchi la ligne de démarcation a envahi cette région protégée. Cette maison avait abrité des réfugiés lorrains, mais aussi trois Alsaciens enrôlés de force dans l’armée ennemie et déserteurs de cette armée. Le grand portail d’époque ayant résisté aux coups de butoirs des monstres évita le sort réservé à d’autres habitations d’être détruites et incendiées en représailles à la présence de résistants, dont seize furent exécutés à proximité. Toi et tes proches, ce jour-là prirent refuge dans les hauteurs de la montagne, bien vous en prit, que ce serait-il passé si ces brutes avait découvert les uniformes allemands des déserteurs dans cette maison ?

Cette belle maison d’enfance sera pour toi cependant, un véritable coffre-fort où tu enfouiras tout au long de tes dix années de jeunesse solitaire, tes joies tes peines, tes doutes tes espérances, tes envies et tes regrets. »

CM

 

« Tu es là, 96 rue du Palais Gallien, à Bordeaux, devant l’immeuble à deux étages dont les volets ont été peints en bleu, et le temps s’arrête. Tu n’es plus une septuagénaire, non, tu es une enfant, une adolescente, une jeune fille qui a vécu là, dix-neuf ans.

Tu regardes d’abord le visible, l’extérieur. D’abord cette grande porte magnifique, ornée de cuivres. Tu te souviens que tu n’aimais pas voir ton père les astiquer, une fois par semaine. Tu trouvais ça déshonorant. Tu lèves les yeux pour voir les deux fenêtres du deuxième étage, qui donnent sur les deux chambres de ce que fut ton appartement. Les volets à persiennes sont les mêmes, et tu te revois, avec ta sœur, jouant à un drôle de jeu. Chacune comptait cinq en regardant les hommes passer dans la rue, et le cinquième aurait l’allure de leur futur époux. De nouveau, tu baisses les yeux devant la grande porte, tu l’ouvres en pensée, et tu es devant une immense entrée, donnant sur une cour où habitaient les propriétaires qui te faisaient peur. Au bout de l’entrée, tu revois papa qui descendait par une trappe à la cave, pour chercher du charbon. »

HL

 

« On s’retrouve à la Maison

Cette phrase magique donnait accès aux trésors de jeux, reçus pour la plupart en cadeau. On y trouvait pêle-mêle le camion et sa remorque, celui qui faisait tant de bruit, les petits chevaux, le vélo, d’abord le bleu, puis le rouge. Sans insister sur la patinette, le cyclorameur etc. Le couloir, long couloir, fut le témoin de ses premiers pas, de ses premiers pédalages, de ses premières chutes aussi. La mémoire des lieux lui reste gravée à jamais.

Que c’était bon de rentrer à la maison, après avoir grimpé quatre à quatre les six étages, sans ascenseur, de l’escalier parfaitement ciré par la concierge, et en comptant les marches quand la minuterie était en panne ; dix-sept marches par étage et trois pas par palier pour éviter de tomber. »

JB

 

« Une prochaine fois, au printemps peut-être, tu reviendras, discrètement. Si tu as la chance d’apercevoir le monsieur - est-il le fils ou le petit-fils de la propriétaire ? - tu l’appelleras, tu te présenteras, tu lui diras que pendant treize années ta grand-mère te gardait ici en dehors des heures de classe, tu lui diras que tu aimais jouer à l’ombre du cerisier, cueillir des brassées parfumées de lilas. Oseras-tu lui demander de revoir la maison ? Pénétrer à l’intérieur, juste quelques pas sur les traces de ton enfance, pour retrouver le fumet du poulet rôti des lundis, entendre le chant des canaris et les joyeux aboiements de la chienne blanche, être saisie par la fraîcheur quand tu traversais la « chambre froide », comme tu l’appelais. La chambre de tes grands-parents, désertée à la mort de ton grand-père, était meublée de deux armoires qui enfermaient vieux vêtements et souvenirs en boîtes sous forme de photos aux bords dentelés. 

Cette maison te hante, reviendras-tu ? »

VAW

Dans cet extrait, G. donne la parole au vieux fourneau, authentique foyer dans tous les sens du terme :

« Dans l’unique chambre, il y avait une petite cheminée ridicule.

Un enfant malade ? Il passait ses journées dans le lit des parents, pas peu fier, il devenait capricieux et demandait qu’on allume un feu dans cette cheminée. J’étais jaloux. Pourtant, je savais qu’elle était incapable d’assumer son rôle : elle ne savait que faire une épaisse fumée irrespirable. On ouvrait grand la fenêtre, on installait le malade sur une chaise longue, devant moi. Je jubilais et je flambais de joie, et je crépitais.»

GB

 

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